SALON EVER MONACO 2014 La mobilité durable en question
Quelques jours après la mise en place de la circulation alternée à Paris afin de combattre un niveau de pollution devenu trop haut, le salon le plus écologique de l'année arrive à point nommé.
Les meilleurs spécialistes de chaque secteur avaient fait le déplacement: industriels, chimistes, météorologues, énergéticiens, experts en tous genres, constructeurs automobiles, et bien entendu la presse spécialisée, L'argus étant le partenaire média de cet événement depuis maintenant plusieurs années. Car le salon EVER mériterait d'être déclaré d'utilité publique: c'est à la fois un forum où viennent s'exprimer de nombreuses personnalités, des conférences internationales sur les énergies renouvelables et la mobilité, des tables rondes thématiques, mais aussi un centre d'essai de nouvelles technologies, où les différents acteurs peuvent présenter leurs travaux et surtout donner des impulsions nécessaires d'une part à une prise de conscience, et d'une autre à l'engagement d'actions concrètes en faveur de la mobilité durable, élément clé de notre liberté de
déplacement. Mais le salon E'VER, c'est aussi l'occasion de faire le constat et le bilan parfois amer des mesures qui ont été prises (ou non...) afin d'améliorer le bilan carbone des différents modes de déplacement ou de transport.
Et pourtant, alors que plusieurs rapports alarmants sur le sujet ont été médiatisés, dont le dernier, livré par l'Organisation mondiale de la santé, fait état de 7 millions de morts par an dus à la pollution à travers le monde, il semblerait que les institutions les plus puissantes traînent des pieds pour développer les infrastructures liées à la fabrication et à la distribution d'énergies alternatives, vouées à remplacer le pétrole dans les prochaines années, notamment pour les automobiles particulières et les véhicules utilitaires, même si l'industrie lourde reste évidemment le secteur le plus impactant sur notre environnement.
Aller de l'avant
Pour Marc Teyssier d'Orfeu patron du très actif Club des Voitures Écologiques, « le partenariat public-privé est l'une clés pour arriver à avancer plus vite, les transports écologiques ayant avant tout besoin de financement pour se développer rapidement. Le particulier, dont budget est déjà mis à mal par la vie courante, ne peut lui-même fournir l'effort financier nécessaire au développement des énergies nouvelles afin de rouler plus propre. Il faut qu'on les rende plus accessibles, voire au même prix que les technologies actuelles. »
Les constructeurs Jouent le jeu...
Certes, le nombre de voitures électriques disponibles est en nette augmentation. Mais alors que de grands groupes comme Renault, par la voix de son diarismatique P-DG Carlos Ghosn, prédisaient que plus de 10 % des voitures neuves vendues en 2020 seraient électriques, la réalité du marché à court terme a déjà divisé par deux cet objectif Pourtant, des produits existent, et on pouvait même en essayer à l'occasion du salon EVER: Renault Twizy, Zoe ou Kangoo Z.E., BMW i3, Fisker Karma, Peugeot Partner électrique en version utilitaire pour ne citer qu'eux. Mais coût élevé, bornes de recharge peu nombreuses (sauf à Monaco, voir encadré) et faible autonomie sont aujourd'hui des freins qu'il faut combattre, et force est de constater que la bataille n'est pas encore gagnée, même si les engagements des uns et des autres se font maintenant mieux sentir.
Revoilà le GNV et le GPL
Ces deux-là vont et viennent dans les immatriculations au fil des incitations fiscales et donc des modèles disponibles. Pourtant, de nombreux constructeurs les ont à leur catalogue, car ces carburants se vendent bien dans d'autres pays d'Europe, comme par exemple en Allemagne ou en Italie. Il semblerait que de nouvelles dispositions pourraient être prises à leur égard, ce qui relancerait leur vente.
Idem pour le bioéthanol E 85, dont le nombre de points de distribution, après avoir été orienté à la baisse, semble remonter en flèche. En revanche, tous ces véhicules (et surtout les électriques) souffrent d'un mal commun: la valeur de revente, mise à mal pour différentes raisons, notamment leur faible diffusion.
L'hybride avant tout
À moyen terme, c'est néanmoins l'hybride, puis l'hybride plug-in (donc rechargeable et qui permettra de rouler au moins 20 à 30 km en tout életrique avant de repasser sur le thermique) qui va constituer l'essentiel des modifications du parc roulant.
Le procédé existe depuis 1997 (1999 en France) chez Toyota, depuis quelques années chez PSA, et fleurit maintenant sous le capot d'un grand nombre de nouveaux modèles. C'est à coup sûr, tout du moins à court terme, la meilleure technologie qui permet de conserver un équilibre acceptable entre réduction de carburant, impact environnemental et surcoût technologique qui, il est vrai, est aujourd'hui fortement gommé par des incitations fiscales, ce qui fait le succès des versions hybrides de modèles comme par exemple la Toyota Yaris (50 % des ventes). Et là, pas de souci côté revente: leur cote est au beau fixe !
Conclusion
Alors que le monde automobile semble avoir du mal à s'engouffrer dans la brèche du véhicule écologique, de plus en plus d'acteurs publics et privés s'engagent pour le développement des énergies alternatives. Le salon EVER, véritable catalyseur, a d'ailleurs été un formidable outil de communication pour l'ensemble des participants. Mais des actions qui devraient donner leurs fruits
dans un futur maintenant relativement proche doivent maintenant être engagées. Rouler plus propre, dans un environnement plus sain et à un coût acceptable devient maintenant un enjeu capital pour notre mobilité, sous peine de voir se multiplier dans nos villes des journées de circulation alternée, que la voiture, en variable d'ajustement, soit ou non le principal responsable de la mauvaise qualité de l'air.
UNIQUE AU MONDE La principauté de Monaco compte 497 points de recharge, un record pour la superficie.