Carlos Tavares devient le N2 de Renault en remplacement de Patrick Petala

On s'en doutait et Renault a annoncé hier la nomination de Carlos Tavares au Comité Exécutif Groupe de Renault. Il remplace Patrick Pélata qui a dû démissionner après la fameuse affaire de faux espionnage.

Le groupe Renault a pris la décision de restructurer sa direction sous la pression des actionnaires dont celle de l'état aussi qui désire regarder de plus près ce qui se passe chez Renault. L'état est actionnaire à 15.1 %. Carlos Tavares devra superviser le plan Renault 2016 --'Drive the Change'-- qui doit permettre à Renault de s'imposer sur l'ensemble des marchés internationaux, et dans les nouvelles technologies.

Certain souhaitaient une autre nomination que celle de Carlos Tavares, jugé trop proche de Carlos Ghosn, le même prénom, les même origines, afin d'apporter un contre pouvoir, une autre vision à Carlos Ghosn alors que beaucoup de question fusent sur la stratégie du groupe et l'érosion des ventes.

M. Tavares, 52 ans, travaillera sous la direction de Carlos Ghosn, directeur général de Renault et de son partenaire japonais Nissan, a annoncé lundi la société. M. Tavares a rejoint Renault en 1981 en tant qu’ingénieur et travaille depuis 2004 pour Nissan.

Ses priorités seront "l'amélioration permanente de la compétitivité et le développement des sites en France", a déclaré Renault dans un communiqué.

"La nomination de Carlos Tavares est une première étape dans le renforcement de la direction de Renault", a déclaré M. Ghosn dans un communiqué. "Carlos Tavares connaît l’industrie automobile dans toutes ses dimensions."

Cette décision fait suite à la démission en avril de Patrick Pélata, Directeur général délégué de Renault, qui avait pris la responsabilité d'une débâcle dans laquelle la société avait été induite en erreur par le licenciement de trois dirigeants, dont un membre de son comité de direction.

Renault a accusé les dirigeants de vendre des informations confidentielles en dehors de l’entreprise, mais les a finalement exonérés et indemnisés. La police enquête actuellement sur un complot soupçonné de frauder la société par des membres du service de sécurité interne du constructeur automobile, dont trois ont été licenciés.

L'épisode a gravement endommagé le moral du personnel et le départ de M. Pélata a laissé un grand vide à la haute direction, car il dirigeait effectivement les opérations quotidiennes de Renault depuis la crise financière de 2008.

M. Tavares arrive avec une solide réputation construite chez Nissan, qui a été le plus réussi des deux partenaires ces dernières années. Pendant un peu plus de deux ans, il dirigeait la division Amériques au Mexique et augmentait sa part de marché aux États-Unis de deux points de pourcentage.

Il faisait partie de l'équipe de développement de la voiture électrique Leaf au début de sa carrière chez Nissan et a été le principal défenseur de la Leaf, qui a été mise en vente en décembre.

M. Ghosn a placé les véhicules électriques au centre de la stratégie de l'alliance Nissan-Renault.

Concurrent dans le sport automobile depuis 30 ans, M. Tavares pilotait des voitures de course monoplace hautes performances depuis 15 ans. Il courait auparavant en Formule 3 - considéré comme un tremplin pour la Formule 1 - et plus récemment a participé aux courses du championnat BossGP en Europe, au volant d’une voiture Renault V8 à moteur de 4 litres qu’il auto-finance.

"Il a eu beaucoup de succès", a déclaré Christian Gaense, coordinateur du championnat BossGP, ajoutant que la course automobile était le passe-temps du Renault No. 2 de Renault et sa manière de réduire le stress.

De nationalité portugaise, M. Tavares a fait ses études d'ingénieur à l'École Centrale de Paris. Il parle sa langue maternelle ainsi que le français et l'anglais. Il a passé 23 ans chez Renault à superviser le développement des berlines Mégane et Scenic, puis a rejoint Nissan au Japon en 2004 en tant que responsable de la conception, de la planification d'entreprise et de la planification des produits. En 2009, M. Tavares a été nommé à la tête des opérations de Nissan en Amérique.

Ces dernières années, les voitures de marque Renault ont lutté contre celles de leur rival français PSA Peugeot Citroën et d'autres constructeurs européens, tels que Volkswagen AG. Les ventes de la marque low cost de Renault, Dacia, ont augmenté, mais Renault n’a pas non plus réussi à déplacer sa gamme de produits, où les marges sont généralement plus élevées.

Bien que la société ait dégagé un bénéfice net de 3,42 milliards d’euros (4,9 milliards de dollars) en 2010, sa performance a été favorisée par une plus-value unique et des dividendes d’entreprises associées telles que Nissan. Le résultat opérationnel atteint 1,1 milliard d'euros sur un chiffre d'affaires de 39 milliards d'euros. Cette année, après l'abolition de l'incitation française à abandonner les véhicules plus anciens, Renault s'attend à une contraction de son marché domestique de 8%.

Pour lutter contre la croissance atone en Europe, Renault s’est étendu aux marchés émergents, notamment au Brésil, à la Russie et à l’Inde. Sa plus grande berline, la Latitude, est une version européenne d'une voiture fabriquée en Corée du Sud par sa filiale Renault Samsung Motors. Pourtant, il est absent de la Chine en forte croissance et de l'Amérique du Nord, les deux plus grands marchés de l'automobile au monde.

Les implantations de Renault en Europe de l'Est - les Dacia sont principalement fabriquées en Roumanie - ont déplu au gouvernement français, dont la participation de 15,01% en fait le principal actionnaire de la société. Le président Nicolas Sarkozy a convoqué MM. Ghosn et Pélata à l'Élysée l'an dernier pour demander à Renault de maintenir la production d'un nouveau modèle Clio berline polyvalente en France, plutôt que de le transférer entièrement en Turquie, où les coûts de main-d'œuvre sont moins élevés.

Néanmoins, au premier trimestre de cette année, 80% de la production automobile de Renault était réalisée hors de France, contre 60% pour Peugeot-Citroën. La débâcle d'espionnage de cette année a ajouté à l'irritation du gouvernement.

Colin Dodge, actuellement vice-président exécutif et directeur des performances de Nissan au niveau mondial et président de la région AMIE, comprenant l'Afrique, le Moyen-Orient, l'Inde et l'Europe, succédera à M. Tavares au poste de président de Nissan pour la région Amériques de Nissan.