La conduite autonome sur Le périphérique, c'est pour demain !
Sans les pieds, puis sans les mains et enfin sans les yeux... Étape par étape, la voiture autonome se met au point. Bientôt, elle pourra être lâchée sur certaines voies de circulation. Guillaume Devauchelle, directeur de l'innovation chez Valeo, fait le point.
Où en est Valeo dans la mise au point de la conduite autonome ? Elle a déjà démarré. Les aides à la conduite évoluent vers le véhicule autonome. Dès 2003, Valeo avait promis des manoeuvres de stationnement automatiques pour 2013. Étape par étape, nous y sommes arrivés : créneaux automatiques avec des distances larges, puis courtes, puis associés à des manoeuvres perpendiculaires, commandées depuis l'intérieur du véhicule, puis de l'extérieur. Avec le « voiturier automatique », le véhicule se gare seul et trouve lui-même sa place. Aujourd'hui, 5 millions de véhicules sont équipés de manoeuvres de stationnement automatique ou semi-automatique.
Les prochains étapes de la conduite autonome
Quelles seront les prochaines étapes ? Avec les régulateurs de vitesse, on a appris à conduire sans les pieds. Maintenant, nous allons proposer de conduire sans les mains. Non seulement, le véhicule va garder ses distances grâce au régulateur de vitesse adaptatif, mais il va suivre sa voie. L'étape d'après sera sans les yeux. Enfin, ce sera sans la tête, car vous n'aurez plus à vous occuper de la manœuvre.
Quel pourrait-être le calendrier de cette évolution ? Sans les pieds, c'est déjà fait. Sans les mains, on peut déjà proposer le volant qui tourne tout seul, mais qu'on peut accompagner. Enfin, dans une troisième étape, on pourra le lâcher totalement. Il faudra alors adapter la réglementation. La conduite autonome sur le périphérique, où il y a ni piéton, ni feu rouge, ni intersection, ni véhicule venant en sens inverse, c'est pour demain.
La voiture autonome peut apprendre lui-même. Qu'est-ce que cela veut dire ? C'est ce que nous appelons le machine learning. Par exemple, lorsque vous voyez un piéton qui pourrait traverser, vous faites un petit écart pour garder une distance de sécurité, qui, pourtant, n'est pas nécessaire. En mode conduite autonome, le véhicule va vous imiter et faire ce léger déport montrant qu'il a bien vu le piéton.
Ce faisant, il vous mettra plus à l'aise.
La conduite autonome : Comment le conducteur passera-t-il les commandes au véhicule ? Nous avons présenté un concept d'interface homme-machine, appelé Môbius, qui gère cette transition. Lorsque le système détecte les conditions favorables, lors d'un embouteillage, il propose de passer en automatique. Le conducteur n'a alors qu'a appuyer sur le bouton Auto Pilot. Il pourra alors lire ses mails ou regarder des vidéos... À l'inverse, dès que le système anticipe la nécessité pour le conducteur de reprendre la main, il l'indique par un signal visuel et sonore. Pour cela, il détecte, à chaque instant, l'état de vigilance du conducteur, via une caméra intérieure, et en tient compte.
Quelles seront les principales technologies mises en oeuvre ? De multiples capteurs sont nécessaires. Celui à ultrasons détermine la position précise d'un objet ou d'un individu, mais il ne sait pas reconnaître la silhouette, piéton, véhicule, arbre... Pour cela, il faut une caméra. Un scanner Lidar indique si cet objet se déplace. Une caméra à infrarouge, qui mesure la température, précise si c'est une personne. Un autre type de caméra détecte le regard du piéton, même s'il porte des lunettes de soleil, qui montre l'endroit où il va.
Comment acquérez-vous ce savoir-faire ? Plus de dix mille ingénieurs travaillent en interne et nous acquérons aussi des technologies de l'extérieur. Nous avons ainsi des accords avec Safran, pour les caméras sophistiquées, Mobileye, pour les caméras frontales, scanner et laser, Peiker, pour la connectivité, Ibeo, pour le scanner Lidar, et avec des universités du monde entier. Un bureau d'études basé en Californie détecte les start-up dont la technologie nous intéresse. Valeo a ainsi pris 10 % d'Aledia, une société qui fabrique des leds. Enfin, nous achetons des entreprises, comme Connaught Electronics en Irlande, spécialisée dans l'agrafage d'images, qui permet de créer une vue d'oiseau du véhicule. C'est une technologie nécessaire pour le parking automatique.
Dans quelle mesure la maintenance prédictive va-t-elle changer l'univers de l'après-vente ? La vision manichéenne entre première monte et après-vente est en train de disparaître, car beaucoup d'éléments vont se télécharger. Tesla a fait il y a quelques semaines plusieurs communiqués majeurs de soft destinés à des véhicules déjà sur la route. II a conçu une ergonomie qui évolue dans le temps. La maintenance prédictive ne se fera pas tous les six mois, mais en fonction de votre façon de conduire. D'autre part, les rappels seront mieux ciblés.
Avec la conduite autonome, la part des équipementiers dans la valeur ajoutée d'une automobile ne va-t-elle pas encore augmenter? Depuis les vingt dernières années, elle n'a pas cessé de croître. Aujourd'hui, elle est à plus de 70 % et pour certains véhicules, elle est encore plus importante. L'équipementier peut ainsi mieux amortir les coûts de fabrication.
Valeo fabrique 500 000 capteurs à ultrasons par jour, soit plus de 100 millions par an. Aucun constructeur n'est capable d'en consommer une telle quantité. Notre objectif, c'est que, grâce au volume, notre technologie soit accessible au plus grand nombre.
La vision manichéenne entre première monte et après-vente est en train de disparaître,
car beaucoup d'éléments vont se télécharger.